Quand Fabrice Hersent revient dans sa propriété landaise en janvier 1944, la lassitude qui l'incite à s'abstenir de se mêler aux luttes de l'heure s'explique aisément par son âge, le fait qu'il en est à sa deuxième guerre et sa deuxième blessure et qu'il sort d'un camp d'où il a tenté en vain trois évasions au cours de ses trois ans et demi de captivité. Il estime avoir suffisamment rempli son devoir. Au vrai, c'est la nouvelle en 1941 du départ pour Londres de sa jeune femme Aydée avec un camarade qui est la cause profonde de cette léthargie morale. Ami ou amant? Le doute ne lui a guère été laissé sur ce point. Depuis, Fabrice est un homme brisé. Par malheur, l'époque se prête mal à la neutralité. N'est-ce pas pour le sonder que le chef du maquis lui rend visite? Fabrice se pose fugitivement la question et ne s'interroge pas plus longuement sur les conséquences des bonnes relations de sa belle-mère avec les officiers ennemis ou des siennes avec un officier vichyssois, se félicitant seulement qu'elles lui permettent de sauver des otages.

La fatalité le tire de cette indifférence aux contingences en lui offrant ce dont il rêve en secret : le retour d'Aydée, mais elle arrive avec un colonel anglais dans les temps tourmentés qui préludent au débarquement et Fabrice subit malgré lui la dure loi des choix et des malentendus.