Un grand voyage
C'est un Calet.
Un petit Calet rond, dur et blessant.
Un petit caillot de douleur veiné d'humour rosse et toxique.
Un petit roman déposé par la houle des jours, où clapote à l'endroit des tripes une nausée douceâtre. Elle est là ; il fuit ; elle le colle et le suit.
Paru chez Gallimard en 1952, ce Grand voyage narre le périple sur la rive Amérique d'un drille souple et tocard, Germain Vaugrigneuse. Amouraché, puis lâché, il joint une bande d'anars sans grand soir sur qui tomber ; suite à quoi il se lie à quelques âmes, putes aux petits pieds, gondolières de la Samar. Parmi un réel déteint comme un vieux décor, Germain louvoie, se cogne, mâchouille, n'avale rien. Un jour, tâte de la drogue, s'y plaît, s'y enlise… Là encore, à la longue, rien à étreindre. Mais Vaugrigneuse freine à l'avant-dernier chèque, s'arrache à sa palette de ratés imbibés d'héroïne, et rembarque."
Source : Le Dilettante