Traité des gestes

Charles Dantzig

Traité des gestes
416 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
★★★★★
2.96
Note personnelle
★★★★★
★★★★★
0

Les gestes ne sont pas accomplis que par les mains. En font aussi les sourcils, les yeux, les pieds, la bouche, les hanches mêmes. Ils se réalisent seuls, ou avec des objets. Les objets nouveaux, comme les tablettes numériques ou les cigarettes électroniques, en font surgir de nouveaux, tandis que d’autres disparaissent pour parfois revenir. De quelle mystérieuse façon un poignet cassé sur la hanche, geste des aristocrates du XVIIIe siècle, a-t-il resurgi chez un rocker de 1960 ? Le geste de la main d’un bébé qui s’ouvre comme une étoile de mer ne serait-il pas un souvenir des temps immémoriaux où nous étions algues ou poissons ?

En 143 chapitres d’une ligne à huit pages, le Traité des gestes parcourt toutes les catégories possibles, se demandant s’il y a des gestes d’hommes, des gestes de femmes, des gestes nationaux, des gestes universels… Gestes de la sexualité (de combien de jambes et de mains sont faits deux corps dans un lit !), gestes de la politique (comme celui par lequel l'homme de pouvoir passe la main sur la joue d'un infirmier qui a bien servi), gestes en tant que souvenirs d’amour (comme ceux que nous imitons de nos morts aimés), gestes des comédiens (comme celui de cette grande actrice de théâtre qui a eu simple, très évocateur et mémorable tombé de main), les gestes ne sont pas que l’ombre du langage ; ils peuvent être une forme de création.

Un livre inattendu, lumineux et sensible, riche de mille réflexions tirées de l’histoire, de la littérature, de la peinture, de la danse, du cinéma, de l’observation des présidents de république comme des femmes druzes fabriquant de la pâte à pita. Que disent ces gestes que tout le monde fait et que personne ne semble vraiment regarder ? Tout le brio et l’esprit de Charles Dantzig qui, pour la première fois, confie beaucoup de lui-même dans ce véritable traité de l’humain.

Livres de l'auteur : Charles Dantzig