Toi, mon fils
Rien ne m'incitait à raconter ce que j'ai vécu depuis ce matin de novembre 1982 quand j'ai pris brusquement conscience que mon fils Alexandre, alors âgé de dix-sept ans, se droguait.
Dans la chambre de bonne qu'il occupait, je l'avais découvert affalé sur son lit, hilare. Trois copains gisaient à ses côtés dans la même hébétude. Image à la fois violente et banale. Je l'ai regardé, étouffant une envie de pleurer. Il riait, me répétant: « Tu ne peux pas comprendre..
. Tu ne peux pas comprendre... » Je savais, au fond de moi, que j'allais refuser l'épreuve qui s'annonçait, repousser le plus loin possible le moment de l'explication, le dialogue. J'étais envahi par un sentiment d'impuissance.
« Aujourd'hui, les années ont passé. Et le besoin d'écrire s'est imposé avec une violence qui ne m'est pas coutumière.