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Edito de Xavier de Jarcy :

Sonia Delaunay a réalisé son rêve : la synthèse des arts. Pionnière de l'a peinture abstraite, décoratrice d'avant-garde, créatrice de mode, de textiles et d'objets, elle a mis l'art partout dans la vie. Il a fallu attendre 2014, trente-cinq ans après sa mort, pour qu'elle ait enfin droit à sa première grande rétrospective, au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Entre-temps, le regard des spécialistes a évolué, les pratiques artistiques aussi. La mode, les arts décoratifs et le design sont moins considérés comme des arts mineurs. La place des artistes femmes au XXe siècle a été réévaluée. Ce hors-série Télérama en tient pleinement compte et relie le travail de Sonia Delaunay à celui d'autres pionnières de la modernité qui, dans la mode ou l'aménagement intérieur, on exercé une influence décisive, mais ne sont pas encore toutes reconnues à leur juste valeur. Se plonger dans la vie de Sonia Delaunay, c'est côtoyer une authentique européenne, qui a parcouru le continent de la Russie à l'Allemagne, de l'Espagne à Paris. C'est en voir de toutes les couleurs sous les ampoules électriques, aller au bal en gilet bigarré, monter sur scène dans un costume géométrique, rouler dans une automobile carrossée d'un manteau d'arlequin. Sonia Delaunay voulait chasser "la laideur, la tristesse et la sclérose de toutes les académies, de toutes les écoles, de toutes les casernes, de toutes les prisons du monde où l'on enferme la poésie". Elle a saturé son siècle de rouges, de bleus de verts. Profonds. Enivrants. Chantants. La couleur, elle la pratiquait d'instinct, ne la théorisait pas. C'est aussi pourquoi, jusqu'à aujourd'hui, on la connaissait si mal. Certains de ses dessins ont été transcrits en céramique ou en tapis plus de quarante ans après leur création. Aujourd'hui, en les découvrant, comme tout le reste, on est frappé par leur beauté intacte.