Telerama HS 189H Marguerite Duras

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Telerama HS 189H Marguerite Duras
Popularité
Popularité du livre : faible
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Marguerite Duras n’a pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmé. » Si ce mot de Pierre Desproges n’a pas causé de tort à Marguerite Duras, c’est que son cinéma est toujours resté sans prétention. Viscéral, oui, ambitieux, aussi, mais terriblement humble. A dix-neuf reprises, elle a remis ses trois francs six sous sur le métier pour trouver une alternative à « ce truc pourri qu’est le cinéma », régi par l’argent et par la facilité. Dix-neuf films, introuvables pour certains, mythiques pour d’autres, ont mis sa carrière d’écrivain au second plan pendant dix ans, dans les années 1970. Toujours l’amateurisme resta sa ligne de conduite : « Souvent, je ne sais plus du tout ce que je veux. Et c’est alors que je fais les meilleurs plans. Quand j’hésite je trouve. Sur tous les tournages, je me donne le droit d’hésiter. Je m’en fous, qu’est-ce que j’ai à perdre, je ne suis pas une cinéaste. Je peux chercher devant trente personnes, j’ai le droit. Qu’est-ce que je risque ? C’est de ces moments, qui sont apparemment des piétinements, mais c’est faux. »

En réaction contre un septième art qui n’était pour elle que « vanité et poursuite du vent », en révolte contre les spectateurs peu regardants, qu’elle voyait comme une « masse malade », elle a sans cesse cherché, expérimenté, renouvelé, se remettant elle-même en cause, éternellement. « Le cinéma arrête le texte, frappe de mort sa descendance : l’imaginaire. C’est là sa vertu même : de fermer. D’arrêter l’imaginaire », dit-elle, confessant là son objectif premier : ouvrir l’image au texte, pour le mettre au premier plan. Donner à entendre la littérature, au-delà de la vision. Si ses films ne montrent rien, c’est que l’idée de la redondance la répugne. Marguerite Duras a toujours joué la carte de l’absence de synchronisation, refusé que le dialogue souligne l’action, que le jeu de l’acteur exprime une émotion. Le décalage, comme source d’harmonie et comme stimulation de l’esprit, telle fut sa principale technique de mise en scène. Jamais elle ne renonça pour autant à la force hypnotique de l’image comme de la musique, au point de faire des visions et des partitions des personnages à part entière. Retour sur cinq films qui ont de quoi impressionner encore les rétines aujourd’hui, tant par leur modernité que par leur sincérité.

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