Sentiers battus
En fait de sentiers battus, le dernier ouvrage de Vincent Vanoli est plutôt une invite à justement en sortir. C’est dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence que Vanoli nous conduit, sur le chemin de la mémoire un peu abstraite que l’on conserve de petits évènements anodins qui nous ont marqué profondément sur tel ou tel détail, un paysage, une odeur, une impression de l’insouciance (…). Il campe les scènes -principalement des scènes de vacances- à la manière dont on les range dans sa mémoire : un point de départ précis (une promenade à vélo, une randonné, un jeu de colonie de vacances), une narration organisée autour du sentiment qui lui reste de cet événement et une fin qui disparaît dans un flou orchestré par les années. Il s’agit là de bribes, d’instants fugaces et précieux, de partage de bouts de vie tels qu’ils surgissent de son passé et qu’il commente à la lueur du présent, fustigeant telle attitude observé, telle petite lâcheté qu’il a lui-même commise. Une approche minimale de l’autobiographie, chose à laquelle il n’est pas habitué -c’est même son premier détour dans ce genre-, sans remparts narratifs, linéaire et accidenté par la distance. Le dessin particulièrement lâché proposé ici, rejoint l’esprit de vagabondage qui guide le livre, et on "écoute" ses récits comme partie prenante d’une conversation que l’on aurait avec l’auteur, cherchant à lui faire part d’expériences similaires.