Rudy Waltz
Rudy Wallz. Le premier élément à prendre en compte dans cette sombre, triste et si tendre histoire est sans aucun doute celui-ci : Vonnegut va avoir soixante ans. L'heure de regarder quelque peu en arrière ? Pas vraiment. Mais la douceur des destinées et l'amour que Vonnegut porte à ses personnages cachent un peu la formidable ironie, le besoin de dévastation sociale, l'amertume politique qui ont fait la réputation internationale de l'auteur d'Abattoir 5 et de Gibier de potence. Tous les autres éléments ont trait à ce curieux anti héros, Rudy Wallz, âgé de cinquante ans, établi à Haïti où il est le riche propriétaire du Grand Hôtel Oloffson (où habitait James Jones à la fin de sa vie) et qui, depuis cette île lointaine, entreprend de nous raconter l'histoire de sa vie, ses amours (ratées) et ses ambitions (déçues). Le tout à la lumière, entre autres, de trois données principales ainsi résumables : 1°) Le père de Rudy, Ollo Wallz, ancien condisciple d'un certain Adolphe Hitler à Vienne, s'était fait, à Midland City. Ohio, une furieuse réputation de propagandiste nazi ; 2°) Le jeune Rudy, encore un gamin le jour de la Fête des Mères 1944, avait tué d'un coup de fusil (sans le faire exprès ?) une jeune voisine enceinte, ce qui scellera la ruine définitive des parents Wallz ; 3°) Toute cette histoire hilarante autant que lugubre n'aurait pas pris tout son sens si, vers le tard, Rudy n'était pas revenu, en compagnie de son frère, visiter le site de Midland City, proprement volatilisé par l'explosion accidentelle d'une bombe à neutrons. Trois quarts de siècle bourrés d'anecdotes, n'est-ce pas ?