Rose, c'est la vie à Pattaya City
Ce qu'il sait lui, c'est qu'elle est belle ainsi, plus belle que la plupart des filles et c'est déjà beaucoup, voir plus loin ne l'intéresse pas, il s'intéresse aux gens de près, c'est pour ça qu'il paie son ticket d'avion pour venir consommer les chefs d'oeuvre de la prostitution ; ici, c'est un atelier, pas un musée ; Pattaya fabrique des oeuvres par milliers au jour le jour, édition unique et pas cher, c'est un privilège de franchir le pas et d'être ici au milieu des néons et des bruits, dans la cacophonie et la folie, un privilège de foire, chaque stand offrant son lot à bas prix."
Deux personnages, le "Client" et sa "fiancée" d'un soir, déambule dans Pattaya, station balnéaire de Thaïlande, la plus populaire d'Asie et capitale mondiale de la nuit et de la prostitution. Ce qui s'élabore là-bas, c'est évidemment autre chose que des clichés faciles : ni plus ni moins que l'apogée du monde capitaliste et son dérèglement, sa sortie. La rencontre y est radicale, avec, au c?ur de ce fruit tropical, le monde transsexuel, dans sa dimension transsexuelle, à savoir des femmes nées dans des corps d'homme, et utilisant toute la panoplie, inédite et ultra contemporaine, de la chirurgie plastique, pour devenir ce qu'elles sont, des femmes, jusqu'à l'opération ultime, qui retournera la verge sur elle-même pour en faire un vagin. Prenant le prétexte de l'art et d'un tableau majeur montrant une vulve, L'Origine du monde de Courbet, Rose, c'est la vie à Pattaya City recycle un vécu pattayen ? une passe avec un ladyboy ? pour former un dizain en prose et vers, chaque séquence étant l'illustration scénaristique d'une étape vers une transformation.