Quelle est la nuit parmi les nuits
Retour à l'enfance, à la maison encerclée par les orties, à la mère morte. Un peuple chassé de son pays cogne aux frontières, traverse un fleuve, s'entasse sous les toits en tôle, creuse des tranchées dans les rues et les maisons, devient malgré lui l'Ennemi. La mère dans sa tombe compte les pas des envahisseurs. Ils sont les frères des orties qui la narguaient de son vivant. La morte traverse le pays en feu, "douze mille kilomètres de haine", arrache les plantes rebelles, retourne sous le mûrier mâle, dans son village où la neige est aussi haute que les murs. Village fantasque. Superstitions et religion font bon ménage dans le vacarme des cloches des églises et des cascades. Les âmes insatisfaites grouillent dans l'eau stagnante des puits. Les miroirs sont lieu de passage entre vie et mort. Les femmes s'y voient s'étioler, vieillir, partir, les objets aussi.Le poète narrateur, comme le veut la poésie arabe, écrit sous la surveillance de sa mère. Penchée sur son épaule, la morte approuve ou désapprouve. Des souvenirs relatifs à sa vie en ville l'obscurcissent. Ceux de son village la font sourire. Village si haut qu'on le croirait bâti sur un nuage. [...]Contes, fables ou scènes de la vie ordinaire se métamorphosent en vécu par la magie de la mémoire et de l'imaginaire.»Vénus Khoury-Ghata.