Que de l'oubli
Gabriel s'est engagé à vingt ans dans l'armée, sur un coup de tête. Quelques mois plus tard, le voilà en Afghanistan, par une nuit sans sommeil, essayant de tirer le fil de sa vie, de retracer les chemins qui l'ont mené là. Il ne parvient à fermer l'oeil qu'au petit matin. Quelques minutes avant que l'alarme sonne, qu'il prépare son barda et se précipite dans le camion pour une opération en green zone. Le véhicule démarre, emportant les soldats. Il entend nettement un clic, celui du chargement de la bombe. Trop tard pour crier. Son camion explose.
Avec la déflagration, la vie de Gabriel, celle de ses proches, éclatent en une constellation de personnages, de lieux, de moments. Sur le devant de la scène, les protagonistes
s'avancent puis reculent au gré des chapitres, entrent et sortent selon les époques : Géraldine, la mère de Gabriel, qui a rêvé une vie trop parfaite, Alice, sa tante, qui prend la vie comme elle vient, Harper, sa jeune belle-mère, qui a fait de sa personne une machine de guerre, Alex, qui n'écrira jamais le livre qu'il porte en lui.
Pauline Guéna, jouant brillamment avec les lieux et les époques, avec les actes et les sentiments, dessine un réseau de destinées individuelles. À travers cette galerie d'individus reliés les uns aux autres, proches un jour, séparés le lendemain par la vie, les kilomètres ou l'oubli, elle nous dit comme le temps passe et comme il délite inéluctablement nos désirs et nos rêves.