La poudrière
On croyait la menace venue de l’ultra-droite disparue depuis les années 1980 mais avec la Manif pour tous, elle a repris du poil de la bête. Active parmi les gilets jaunes (on voit le Sanglier, une figure du mouvement, participer au saccage de l’Arc de Triomphe, ou Yvan Benedetti, négationniste fervent, faire le coup de poing contre des antifas), elle est multiforme et radicale. Opération d’Action Française à l’occasion du colloque de François Hollande à la Sorbonne (le thème : la crise de la démocratie) ; manifestation contre l’islamisme (bras tendus, les participants crient « Kebab mosquée, on en a assez ! ») ; survivalistes armés dans les Ardennes ; jeunes loups formés dans l’école de Marion Maréchal ou au centre de formation Iliade à Paris ; enfants perdus et aspirants militaires participant à des colonies d’été ; gros bras des clubs de boxe des « maisons de l’identité » ; attentats préparés contre les musulmans (empoisonnement de viande hallal)…
La DGSI a relevé avec inquiétude l’apparition d’une frange de militants identitaires inconnus des services de renseignement et certains y redoutent un affrontement armé entre ultra-droite et musulmans dans les années à venir… L’ultra-droite est revenue sur le devant de la scène, polymorphe et menaçante, obsédée par la fin de la République. Les idées des ultras se propagent et se démocratisent. De Renaud Camus jusqu’à Alain Soral (qui cartographie « les gauchistes » sur son site à succès Egalité & Réconciliation), de certains Youtubeurs célèbres à des maisons d’éditions « dissidentes » (Ring), des libraires engagés (La Nouvelle librairie dans le quartier latin) aux fermes à trolls : c’est à une plongée inquiétante que nous invitent ici les auteurs de Mimi.
Portraits, réseaux, histoire intellectuelle, généalogie du combat, modes d’influence et de communication, entrée dans la clandestinité : le feu couve.