Poursuites
Le poète s'invente un langage, il possède l'art de l'économie des mots et des sons, il a le sens du raccourci définitif, de l'image nette. Le peintre, le graveur, maîtrise un langage autre, une sorte " d'écriture du silence " qui fait allusion au propre tracé du visible, à la représentation graphique des objets qu'il met en scène, à sa sensibilité. Il pratique l'économie du trait, souligne l'expression, joue du pouvoir émotionnel des couleurs, des perspectives, du plein et du vide. Dans les livres d'artiste, le second illustre souvent le premier. André Chedid, écrivain et poète, et Xavier, graveur, ont ici inversé le processus habituel : c'est l'écriture du poète qui a répondu, en écho, au travail initial de l'illustrateur. Mais c'est ensemble qu'ils ont retenu le thème de la poursuite : celle de l'amour, du silence, du regard, du jeu... De cette association ludique est née une (pour)suite de quarante-neuf dessins et poèmes inédits.