Poèmes 1961-1964 : Airs
Quelque fois la poésie, c'est-à-dire je ne sais quelle lumière, semble mêlée sans effort au mouvement simple des jours (comme la lumière physique aux objets) ; elle reste alors tout près du langage, imperceptiblement transfiguré par elle, et peut-être est-ce là qu'elle a le plus de vérité ; mais aussi, qu'il est le plus difficile de la maintenir. Trop souvent la voilà qui ne brille à nos yeux qu'en d'infimes échappées ; qui se sont ouvertes sans doute, elle aussi, dans la trame de notre vie ordinaire, mais, dirait-on, sur un lointain de moins en moins saisissable : les mots voudraient n'être plus que souffles, chaque poème une goutte d'eau pure".