On y va tout droit
Émile est Toulousain, il approche de la quarantaine et s'il est matériellement à l'abri, il ne peut que constater qu"il est en nous une obstination à refuser l'idée que le feu brûle tant que nous n'avons pas mis les mains au-dessus des flammes. À terme, pourtant, il n'y a que gâchis et cendres." Émile a des ennuis, donc. Son incroyable chien Tati, réincarnation supposée d'un clochard céleste, ne se contente pas de détruire son appartement mais disparaît sans laisser de traces... Plus grave : Émile n'a pas entendu l'appel au secours de Mary, la jeune nièce de son ami Franck.Il n'a pas su non plus éviter la maison de repos à son ancienne amante, tout comme il ne peut empêcher Alexa, son actuelle compagne, de lui être ouvertement infidèle...Une écriture subtile et raffinée mais jamais pédante, une musique lancinante, une balade plus amère que douce au cœur des maux d'amour, un blues intimiste qui ferraille avec la difficulté d'être et d'aimer, qui brasse la confusion de nos sentiments et le mal de vivre. Un livre sensible et sensuel qui confirme l'immense talent d'écrivain de Pascal Dessaint, auteur toulousain qu'on devine n'être ni tout à fait Émile, ni tout à fait un autre. On retrouve avec délice ce personnage déjà présent dans La vie n'est pas une punition et À trop courber l'échine. Rivages republie également le premier roman de Pascal Dessaint Une pieuvre dans la tête. Enfin, on peut toujours lire, entre autres et avec bonheur,Bouche d'ombre(prix Mystère de la critique en 1997) ou encore Du Bruit sous le silence, une formidable enquête sur fond de rugby qui a reçu le Grand Prix de littérature policière en 1999.--Bruno Ménard