Naissance de la figure
L’homme s’est représenté lui-même à partir du moment où il est apparu sous sa forme moderne – celle d’homo sapiens sapiens – même si l’on discute aussi sur la possibilité et l’interprétation de possibles figurations plus anciennes. Et, pour l’essentiel, l’homme a d’abord représenté la femme. Mais ces représentations sont longtemps restées minoritaires : c’est d’abord les animaux qui ont été représentés, dans une grande variété de formes et de style, comme si la représentation humaine devait rester eÎptionnelle, ou périphérique. Puis la révolution néolithique, qui voit agriculture et élevage remplacer chasse et pêche, s’accompagne d’une révolution des images au sein de laquelle la figure humaine, toujours prédominante, se libère en Orient des canons inexpressifs et codés du paléolithique à travers de petites figurines d’argile cuite. Ces premières figurations humaines, étudiées par Jean-Paul Demoule, apparaissent dans un espace cohérent et homogène, celui du Proche-Orient, de la Méditerranée et de l’Europe, qui évoluent de concert tout au long de ces trente millénaires. L’auteur retrace la naissance et l’évolution de la figure humaine aux périodes préhistoriques et protohistoriques, jusqu’à l’apparition de l’esthétique propre aux organisations étatiques. Cette histoire globale de la figure, illustrée par les clichés eÎptionnels d’Eric Lessing, n’a sans doute jamais été racontée sous cette forme.