Mathématique générale de l'infini
Comme tous les poètes décisifs, Serge Pey ne ressemble à personne. Il a inventé sa voix verticale, cet aplomb du verbe qui ne tombe pas de haut, mais passe d'horizon en horizon, et au delà. Il a inventé son rythme, cette pulsation qui jette le sang des talons à la tête. Il a inventé sa parole qui est, sans distance aucune, une action, qui est un souffle, une énergie, un feu incarné. Car avec lui, la poésie tape du pied, devient vertige, envoûtement et libération de chaque fibre du corps. Accroché à ses bâtons d'écriture comme à des mâts naufragés, Serge Pey tangue et danse, flambe et profère. Il est le troubadour voué à la marche ascendante, le chaman des révélations violentes, celui qui énonce et relie l'ensemble des destins foudroyés, des murmures étouffés, des secrets bannis. Sa scansion accueille toutes les migrations du sens, toutes les métamorphoses du chant. Il est l'homme que le cri des origines et la rumeur des âges engagent au présent. Il entend et répercute ce qui d'ordinaire se tait : de l'exaltation massacrée au lancinant retour des suicidés de la société, de la jubilation d'être à l'irradiante tendresse des dépossédés. À la lecture de ses poèmes, on perçoit combien Serge Pey empoigne le monde, combien son univers mental et sonore requiert une bouche en transe, des expirations inspirées, des rondes rauques ou extatiques. Dans son sillage, les échos, les tempos sans fin, les éclats, sont ceux d'un semeur de syllabes qui serait également un oracle de grand vent. Mathématique générale de l'infini est un ensemble de poèmes inédits