Lettres
Je reste persuadé que la vie est ce qu'on en fait, et qu'il n'est pas d'âge qui soit particulièrement malheureux si ce n'est celui où l'on abandonne la partie et on peut l'abandonner à tout âge. Je trouverai la vie laide le jour où je me mettrai assis et ne voudrai plus me relever. Pour le moment - pour moi -, vingt ans, c'est l'âge d'une grande décision ; c'est l'âge où je risque ma vie, mon avenir, mon âme, tout, dans l'espoir d'obtenir plus ; c'est l'âge où je travaille sans filet. C'est terrible, bien sûr... mais n'est-ce pas cela, vivre? Il me semble que je ne pourrai pas dire, plus tard, d'un air désabusé: "Ah! Si j'avais vingt ans!"; je ne crois pas non plus que je pourrais gémir en disant: "Vingt ans: une bien triste période..." Je ne souhaite qu'une chose: c'est d'être capable toute ma vie de prendre des risques et ne jamais vouloir m'arrêter en chemin. N'est-ce pas cela, "avoir toujours vingt ans?