Les eaux dormantes
Pour un jeune médecin sans frontières y teint d'amibiase, le retour au manoir familial de Kerrarec, dans la Brière, est une tout autre épreuve que celle des boat-people, et pourtant, entre une mère corsetée dans sa dignité, une tante acariâtre, et un sœur qui, à vingt trois ans, en a douze d'âge mental, la vie est d'autant plus chargée de maléfices que le père a disparu. Naturellement, par orgueil familial, il n'est pas question d'alerter la gendarmerie.
Alors Bruno de Lespiniere enquêtera seul, et ce qu'il va découvrir le poursuivra si longtemps que c' est sa confession, improvisée des années après à l'adresse d'un ami écrivain, que nous allons lire. Confession bien plus fouillée et plus sensible qu'un témoignage à vif, car c'est le poids étouffant des vies que l'on éprouve tout au long des méandres du mystère, pareils à ceux des pistes liquides de la Brière, innocentes et opaques.