Les chemins qui montent

Mouloud Feraoun

Les chemins qui montent
Romans et littérature (1957)
221 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
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4.09
Note personnelle
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Les Chemins qui montent de Mouloud Feraoun n’est pas uniquement un roman d’amour, même si sur le plan de la trame, il ne s’agit que d’une passion, certes vigoureuse entre Dahbia et Amer mais absurde et carrément invivable pour une multitude de raisons.

Feraoun a choisi de débuter son récit par la fin : l’amoureux meurt quand Dahbia se lance dans la narration de ses sentiments et de ses contradictions. Il ne s’agit pas comme nous avons souvent l’habitude de le lire, d’une idylle qui commence de fort belle manière pour ensuite finir par tomber dans les serres des aléas imprévisibles de la vie avec l’assurance d’un épilogue souvent malheureux et parfois heureux.

Dans L’Adieu aux armes de Ernest Hemingway, la femme aimée périt à la fin en plein accouchement mais elle ne trépasse qu’une fois l’amour vécu. Dans L’amour au temps du Choléra de Garcia Marquez Gabriel, la femme aimée troque son mari contre un richissime médecin. L’amant ne désespère pas. Il attend toute une vie et à la mort du mari, il part rejoindre son aimée afin de vivre la poignée de jours qui lui reste et mourir en sa compagnie. Dans Les chemins qui montent, Dahbia et Amer s’aiment de manière insolite. Le contexte de la Kabylie de l’époque (rencontres à la sauvette aux alentours de la fontaine) fait l’originalité de ce roman, qui est réédité chaque année tant en Kabylie, par diverses maisons d’édition qu’en France par Le Seuil. Si les mots utilisés par Feraoun sont simples, ce n’est vraiment pas le cas des idées exprimées.

Les chemins qui montent est un roman profond et complexe. Et c’est en ceci que réside le génie de l’auteur. Le choix des personnages : d’abord Dahbia. Cette dernière n’est pas une femme kabyle comme il y en avait des milliers à l’époque. Dahbia, originaire d’Ighil N’ezman est de foi chrétienne. Personnage complexe ayant subi un traumatisme dans son enfance le jour où son père lui révèle brutalement ne pas être son vrai père. Elle avait neuf ans et était grièvement malade.

“Petite vermine, tu peux crever, tu n’es pas ma fille !”

Dahbia a une sensibilité hors du commun. Ce n’est pas un hasard si elle tombe amoureuse du fils de Madame. Amer est de père kabyle et de mère française. Dahbia ne le comprend jamais. Elle n’explique pas son sens du sacrifice, son rejet de l’égoïsme et son dévouement total envers les pauvres et les malheureux : “Pourquoi passe-t-il sous silence sa générosité, sa bonté pour les humbles, son mépris pour les grands, les riches, l’injustice et le mensonge ? (…) Au fond ce que chacun lui reproche, c’est sa franchise, son refus d’accepter l’hypocrisie générale qui est ici la règle de conduite”. Amer est un idéaliste. Il est désespéré car le monde dont il rêve n’existe pas et il ne peut pas exister. Pessimiste aussi. Le roman s’ouvre sur le deuil de son suicide. Dahbia a forgé sa forte personnalité dans la pauvreté et la privation affective ; ses parents étaient les plus démunis de la communauté.

Amer est-il son prince charmant ? Rien n’est moins évident. Il lui apparaît qu’Amer ne l’aime pas spécialement, qu’il est bon et généreux, mais sur un plan trop élevé où elle aurait eu trop de peine à monter. Dahbia pense qu’elle ne représentait qu’une simple idée dans la tête de celui qu’elle aime.

L’histoire dure six mois. A la mort de Amer, Dahbia s’enferme pour lire le journal de ce dernier. Ces six mois sont faits d’attente et de souffrances. Il y avait un peu de bonheur, juste un peu. Dahbia regrette déjà car elle ne connaîtra plus jamais ce genre de sentiment durant ce qu’il lui restera à vivre.

Au beau milieu de l’idylle, surgit Mokrane, un homme marié, personnage antipathique et malheureux qui tentera de trouver son bonheur auprès de Dahbia mais sans savoir comment s’y prendre. Il tente de l’embrasser de force un jour qu’il lui ramène un plat de couscous. Dahbia résiste et l’intrus se sauve. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le lien entre ces deux personnage est étrange. Mokrane aime en réalité Dahbia mais il ne peut pas l’épouser en raison de la mauvaise réputation injustement attribuée à deux femmes vivant toutes seules dans un village et ayant auparavant fui leur patelin natal. Dahbia, de son côté, éprouve un sentiment à l’égard de Mokrane, un mélange d’amour et de haine. L’auteur ne nomme pas ce sentiment et laisse au lecteur toute latitude de conjecturer. Est-ce uniquement dans la tête de Mokrane qu’un scénario d’amour réciproque est dessiné ? Un beau jour, Mokrane se marie avec Ouiza, une femme qu’il n’aime pas. En revanche, cette dernière possède tous les critères “kabyles” pour faire une épouse respectable : la famille et l’argent ajouté à un zeste de beauté.

Sans amour, ce mariage est acariâtre cependant. La nuit de noce, décrite par Mouloud Feraoun est un supplice pour les deux conjoints. C’est le visage de Dahbia que voit Mokrane. Quant à Ouiza, elle ne réalise même pas ce qui lui arrive. Des mots violents sont utilisés dans ce passage pour faire état de la psychologie

Pourquoi je vais aimer ce livre ?

Cher futur lecteur,

Permettez-moi de vous dire que "Les chemins qui montent" de Mouloud Feraoun est un livre qui vous transportera dans un autre monde, vous faisant vivre une expérience unique et mémorable. Ce livre est un témoignage personnel sur la vie en Algérie pendant la période coloniale française et les premières années de l'indépendance.

Mouloud Feraoun, l'auteur, a captivé la vie quotidienne des habitants de son village natal, Tizi-Hibel, avec une prose poétique et émouvante. Son style d'écriture est à la fois simple et subtil, permettant de décrire les événements les plus banals de manière à les rendre importants et significatifs.

Le livre vous fera découvrir la vie dans les villages algériens, la culture et les traditions, ainsi que les luttes quotidiennes des habitants pour survivre et s'épanouir sous le joug colonial. Vous serez touché par la façon dont l'auteur dépeint les personnages, en mettant en évidence leur humanité et leur dignité malgré les difficultés qu'ils rencontrent.

Vous serez également témoin des changements sociaux et politiques qui ont eu lieu en Algérie, y compris la lutte pour l'indépendance et les premières années de la vie indépendante. "Les chemins qui montent" vous donnera un aperçu de l'histoire de l'Algérie et de son peuple, ainsi que de la façon dont les gens ont vécu ces événements.

Enfin, je crois que ce livre vous touchera profondément car il aborde des thèmes universels tels que la famille, l'amour, la loyauté, la justice et la liberté. L'auteur les explore de manière poignante et vous serez ému par la façon dont il décrit les émotions et les expériences des personnages.

En conclusion, je suis convaincu que "Les chemins qui montent" est un livre qui vous marquerá à jamais. Il vous transportera dans un autre monde et vous fera vivre une expérience unique et mémorable. Je vous encourage vivement à le lire et à découvrir la magie de l'écriture de Mouloud Feraoun.

Cordialement,

Un admirateur

Comment ce livre va me faire réfléchir ?

Plongez dans l'univers envoûtant de Mouloud Feraoun et laissez-vous emporter par les secrets profonds révélés dans son chef-d'œuvre intemporel, Les chemins qui montent. À travers cette histoire captivante, Feraoun explore les tumultes de la société, les relations complexes et les mystères de la nature humaine, offrant ainsi une réflexion saisissante sur notre monde contemporain.

  1. Quelle est la nature de la justice sociale et de l'inégalité ? Les chemins qui montent nous plongent au cœur des inégalités sociales qui rongent la société. Feraoun soulève des questions cruciales sur la répartition des richesses, la marginalisation des plus vulnérables et les conséquences dévastatrices de l'injustice. Une invitation à réfléchir sur les problèmes persistants de notre propre société.

  2. Quels liens se tissent entre amour, amitié et trahison ? À travers les relations tumultueuses entre les personnages, Feraoun explore les complexités de l'amour, de l'amitié et de la trahison. Les émotions brutes qui émanent de ces liens puissants nous rappellent à la fois la beauté et la fragilité des relations humaines.

  3. Qu'est-ce qui définit l'identité d'un individu ? Feraoun plonge profondément dans l'âme de ses personnages, révélant leurs aspirations, leurs luttes intérieures et leurs quêtes identitaires. Il nous pousse à nous interroger sur la construction de notre propre identité, les forces qui la façonnent et les défis auxquels nous sommes confrontés pour trouver notre place dans le monde.

  4. Quels sont les secrets enfouis au cœur de la société ? Dans ce roman, Feraoun dévoile les secrets enfouis sous la surface en apparence tranquille de la société. Des vérités sombres et souvent dérangeantes qui mettent en lumière les hypocrisies et les tabous de notre époque. Une invitation à ouvrir les yeux sur les réalités cachées qui nous entourent.

  5. Comment surmonter l'adversité et trouver l'espoir dans un monde troublé ? Au fil des pages, Feraoun explore les émotions humaines les plus profondes, de la douleur à la résilience, du désespoir à l'espoir. Il nous rappelle que, malgré les épreuves, la condition humaine peut trouver une lueur d'espoir et une force insoupçonnée pour affronter les tourments de la vie.

En répondant à ces questions cruciales, Les chemins qui montent nous offre un miroir saisissant de notre société contemporaine. Il nous confronte à des vérités parfois difficiles à accepter, tout en nous invitant à réfléchir sur nous-mêmes, sur les autres et sur le monde qui nous entoure. Une lecture qui bouscule, émeut et éclaire notre compréhension de la condition humaine. Plongez dans ces pages et laissez-vous guider vers une introspection profonde et nécessaire.

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