Les Confessions
Sentimental et passionné, Jean-Jacques Rousseau aime la nature par-dessus tout, et n’est à l’aise ni dans la société ni avec lui-même. « Je suis, écrit-il, emporté mais stupide. Mes idées s’arrangent dans ma tête avec la plus incroyable difficulté. » Rien n’est simple avec Rousseau. En Suisse, sous les attaques des pasteurs, lui est venue l’idée de rédiger un grand livre pour se défendre et se justifier. Il y travaillera plusieurs années à la fi n de sa vie errante et persécutée. L’ouvrage ne sera publié qu’après sa mort sous un titre déjà utilisé par Saint- Augustin : Les Confessions. Ce qui frappe d’abord dans Les Confessions, oeuvre d’un homme tourmenté qui se débat contre les autres et contre lui-même, c’est la sincérité. Avec courage, avec orgueil, avec un besoin impérieux et presque maladif, Rousseau dévoile et déballe tout. Dans tout ce qu’il écrit, et sur quoi souffl e souvent comme un vent de délire et de folie, règne un charme indicible. Il n’invente pas seulement une sincérité littéraire dont il fait un usage qui va jusqu’au scandale. Il invente aussi un ton nouveau, un souffl e, une liberté, un sentiment inédit et profond de la nature. Dans ses Rêveries du promeneur solitaire comme dans ses Confessions, passe un tourbillon encore inconnu qui ouvre des temps nouveaux et qui annonce le romantisme. Rousseau est l’individualisme, la rébellion, la révolte. Il est la nature et la sincérité. Il est la contradiction et la dissimulation. Il est le talent et la folie. Un peu du génie de ce monde s’est incarné en lui.