Les Cahiers d'une hypocrite
La bonne littérature, dit Etiemble, c'est celle qu'on laisse en soi pourrir, germer, fleurir quinze ou vingt ans. Tant pis pour les enfants prodiges. » Tant pis, donc, pour Christiane Singer I. Il eut fallu qu'elle s'y prit dès sa naissance pour laisser germer en elle « sa » bonne littérature. Peut-être est-ce d'ailleurs ce qu'elle a fait. De toute façon, l'important n'est pas là. L'important, c'est ce livre qu'elle a écrit.Elle a la prudence de n'y parler que de ce qu'elle connaît bien : elle-même, le monde qu'on lui a donné, celui qu'elle s'est inventé. Ces deux mondes sont surprenants : réels et un peu insolites, présents et bizarrement surannés. Elle n'a pas le souci de discipliner sa promenade. Elle ne s'inquiète ni de chronologie, ni d'ordre, ni d'architecture. Elle ne nous propose que des « Cahiers ». Mais cette hypocrite est sincère : elle dit e¬tement tout ce qui lui passe par la tête et le coeur.Je ne sais à quel moment l'imagination l'emporte sur le souvenir et réciproquement, dans ce livre. Tout ce que je puis indiquer est qu'il ressemble à son auteur. Je crois que ce qu'elle écrit est vrai.Seulement pour elle « le vrai est léger, le vrai c'est ce qui danse ». Les mots dansent peut-être, mais leur ballet commande tout le reste.Raymond JEAN.Christiane SINGER est née à Marseille en 1943, d'ascendance austro-hongroise. Elle termine une licence de lettres modernes à la Faculté d'Aix-en-Provence. Elle a remis à son éditeur un deuxième livre, un roman : Vie et mort du beau Frou.