Léone et les siens
L'été, à New York, a beau transformer la ville en étuve, tous « les siens » sont prêts à affirmer sans nuance qu'il fait bon vivre chez Léone. A vrai dire, l'appartement est aussi. celui de son mari Hugo, le peintre, mais c'est elle qui gagne l'argent nécessaire à la vie quo-tidienne, Hugo, lui, aurait plutôt tendance à le dilapider en drogue et autres produits peu recommandables, dilapidant du même coup son talent, ce que chacun feint de ne pas voir, par égard pour Léone.
Cela représente pas mal de gens, ce chacun, car autour de Léone et de son mari s'est aggloméré un petit monde d'exilés comme Johanna, Aimé le comédien grand parleur, Luis le révolutionnaire en instance de départ pour d'autres révolutions, Jacques le professeur que retient une grève de dockers, les Indonésiens interchangeables et mystérieux. Ils mènent une vie enchantée grâce à Léone jusqu'au jour où Hugo disparaît, jusqu'au jour où Pierre vient voir son ami Luis. Alors les perspectives changent et l'enchantement prend une autre nature pour finir par se dissiper sauf dans la mémoire de ceux qui l'ont vécu -ceux-là même que l~ lecteur n'est pas près d'oublier tant Claude Roy a su les rendre présents.
Source : Le Livre de Poche, LGF