Le voleur de poèmes, Chine
Les poèmes que j'ai signés seul, je doute pourtant d'en être propriétaire. Je me soupçonne toujours de n'en être que l'interprète, d'avoir mis au clair à voix haute le texte signé d'un auteur inconnu qui chuchotait à mon oreille.
Mais je ne doute pas depuis quarante ans, de dérober des poèmes, quand je m'amuse, avec l'aide de mes amis chinois ou sinologues, à inventer des poèmes qui de l'autre côté de la grande muraille des langues et des siècles, ont un double, un frère un reflet. Des poèmes dont parfois, si j'ai bien réussi mon larcin, les dieux bilingues de la littérature disent, peut-être en hochant la tête : « Est-ce un poème chinois français ? Est-ce un poème français chinois . En tous les cas, Claude Roy est un voleur de poèmes ! »
Claude Roy