Le roman de Constantinople
La Turquie entrera-t-elle dans l'Europe ? Est-elle voisine de la Grèce ou de l'Iran ? Est-ce une nation musulmane autoritaire ou un pays laïc et démocratique ? On n'a pas fini d'en débattre. Mais une évidence s'impose : depuis deux mille ans, l'ancienne capitale de ce pays, quand il s'appelait Empire romain, Empire byzantin ou Empire ottoman, est au coeur des destinées de notre continent.
Contre ses murailles se sont brisées les invasions des Huns, des Perses, des Arabes ou des Tatars. Grâce à elle, le christianisme a survécu, quadrillant le continent de ses monastères et assurant sa survie intellectuelle. Constantinople, cependant, n'était pas qu'une forteresse. C'était d'abord une université et une fête. Immense métro-pole frivole et dévergondée, elle avait allumé les mille bougies de la culture, de la mode et de l'art. À l'heure où les Mérovingiens pares-saient dans leurs déserts moisis, on y enseignait Platon et la danse, Aristote et la parfumerie. Cité des Mille et Une Nuits, la capitale des basileus et des courtisanes inventait notre future civilisation.
Le Roman de Constantinople ne se veut pas un traité encyclopédique d'histoire. Il entend rappeler des lieux, des personnages, des fêtes et des drames qui donnent le sentiment de ce que fut la Ville des villes . Du sacre de Théodora, la prostituée devenue impératrice, à la passion de Soliman le Magnifique pour son trop beau vizir, de l'impératrice Irène faisant crever les yeux de son fils à l'intronisation de Mehmet III ordonnant la mort de ses dix-neuf frères, on va de bain de sang en cérémonie fastueuse, d'épuration impitoyable en savante intrigue de sérail.
À la fois roman noir et roman-photo, ce livre est une promenade cocasse et atroce à travers l'histoire de Constantinople. Notre histoire.
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Gilles Martin-Chauffier est romancier. Il a obtenu le prix Interallié en 1998 pour Les Corrompus, et le prix Renaudot des lycéens en 2002 pour Silence on ment. Journaliste, il est rédacteur en chef de Paris-Match.