Belle-Amie
Le titre du roman rappellera une féminisation du Bel-Ami de Maupassant mais, de l'aveu même de l'auteur, c'est surtout du côté du Comte de Monte-Cristo de Dumas qu'il faut aller chercher la référence et la veine d'inspiration. De l'aventure avant toute chose et Belle-Amie n'en manque pas. Plus de trois cents pages où l'on retrouve les étapes du triptyque de la composition romanesque chère à Dumas, à savoir l'amour, la chute et la vengeance. En scène, une belle héroïne ; en selle, une belle amazone : Arielle de Kergantelec, lasse des frasques de son mari, accepte pour se désennuyer une mission hasardeuse. Il s'agit de séduire et d'espionner, pour le compte d'un grand patron industriel et contre une très forte somme d'argent, un ministre dont elle ne manquera pas en réalité de tomber amoureuse. Au-delà du roman à clef et du clin d'œil presque trop appuyé à l'affaire Deviers-Joncour, Gilles Martin-Chauffier ressuscite le plaisir du grand roman à la française. À l'instar d'un Laclos, l'auteur dénonce le vice en décrivant la volupté du vice ; il se fait magnifiquement voyeur des ors et des ombres de la République. Lire Belle-Amie, c'est découvrir et démasquer comme son héroïne "le ridicule des princes" et vivre intensément, en toute immoralité, la griserie qui stimule toute quête de pouvoir. --Denis Gombert