Le péché
Le Péché est une gourmandise littéraire. Prilepine s’est fait une joie de rassembler dans ce « roman en nouvelles » les fragments de la vie de Zakhar – double de l’auteur –, jeune trentenaire, plein de force et de volonté de vivre, aux prises avec la réalité russe.
Les épisodes se succèdent dans un ordre imposé par la mémoire, lorsqu’elle se plaît à donner de la force et de la brillance à de menus faits de notre vie, en apparence insignifiants, et épars dans le temps.
Tour à tour adolescent, en vacances à la campagne chez ses grands-parents, où il éprouve ses premiers émois sexuels pour sa jeune cousine, puis videur dans une boîte de nuit, joyeux fossoyeur dans un cimetière, qui se soûle gaiement avec ses compagnons après les enterrements, Zakhar promène toujours un regard tendre, étonné, émerveillé et plein d’humour sur le monde. Et sur cette Russie tant aimée, bien que tout y soit glacé et que les saisons y aient toujours un goût de neige.
Cette Russie souvent dure, brutale, intolérable, qui le fait souffrir mais pour laquelle il ne cesse de se battre. Il manquait à la littérature russe, depuis des années, cette façon de rire à travers les larmes, et de pardonner malgré tout !