Le Très-Haut
Ici règne le " savoir absolu ".
Chacun est satisfait. Il n'y a plus rien à faire. L'indépassable est réalité. En ce sens, citoyen de l'été universel et homogène, je suis un homme quelconque, autre et le même, soumis à la loi suprême que j'incarne, invisible et sans visage, incontestable puisque tout ce qui me conteste me confirme. Mais voici que quelqu'un - une femme sans doute - m'eÎpte de ce que je suis et reconnaît en ce moi qui se dissout le Très-Haut. Le Très-Haut ne peut être que sa propre négation.
Dans une société parfaite, où la peste se déclare, de telle sorte que les pestiférés deviennent les seuls rebelles, où le Sida met en péril la loi suprême, le Très-Haut, par-delà toute divinité, n'est plus qu'un malade qui meurt sans mourir, à moins qu'il ne devienne la " chose " même, le rien terrifiant, la vérité qui toujours trompe et se trompe, la parole ultime que seule la mort immortelle laisse enfin entendre. Mais vous, lecteur, oubliez tout cela, car c'est aussi bien Antigone, la pure vierge, s'unissant à son frère mort pour que le tabou de l'inceste, dès lors suspendu, ruine aussi bien la loi idéale que la loi naturelle.
L'abjection est amour, comme la liberté absolue est servitude absolue.