Le Taureau. Une histoire culturelle

Michel Pastoureau

Le Taureau. Une histoire culturelle
(2020)
160 pages
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Le taureau a peut-être été le premier dieu. Non pas l'aurochs que l'on voit représenté sur les murs des grottes de la Préhistoire, mais bien notre taureau, domestiqué à partir du VIIIe millénaire avant notre ère. Il a toujours gardé quelque chose de sa sauvagerie primitive et fasciné les peuples de l'Antiquité par sa puissance, son souffle, son énergie, sa fécondité. Au Proche-Orient ancien, nombreuses étaient les divinités taurines auxquelles on a rendu un culte, tandis que dans la mythologie grecque abondent les récits mettant en scène un tel animal : Zeus se métamorphosant en taureau pour enlever Europe ou s'unir à Io, Héraclès domptant à mains nues le grand taureau de Crète, Thésée tuant le Minotaure.

De bonne heure le christianisme est parti en guerre contre ces cultes, ces mythes, ces légendes. La religion rivale, le culte de Mithra, accordant une large place au taureau, celui-ci fut jugé impie et remplacé par le bœuf, animal docile, patient et travailleur. Il trouva une place dans la crèche et devint un symbole chrétien. Le taureau au contraire resta tout au long du Moyen Age un animal déprécié, sinon diabolisé. Il revint sur le devant de la scène avec la Renaissance et la redécouverte de l'Antiquité. Le pape Alexandre VI Borgia, dont l'emblème familial était un taureau, fit organiser à Rome les premiers jeux et spectacles taurins, au début du XVIe siècle. Mais ce fut deux siècles et demi plus tard, dans l'Espagne des Lumières, qu'est vraiment née la corrida moderne, qui a longtemps séduit les artistes et les poètes.

Michel Pastoureau nous raconte cette longue histoire culturelle du taureau européen, tout en évoquant aussi la vache, le bœuf et le veau : séparer le mâle reproducteur de sa famille serait absurde, d'autant que tous ces animaux ont été pendant des siècles les figures emblématiques de nos campagnes. Comme le précédent livre de la série consacré au loup, celui-ci est enrichi d'une importante iconographie, amplement commentée. De Lascaux à Picasso, en passant par la céramique grecque, la mosaïque romaine, l'enluminure médiévale, la gravure de la Renaissance, la peinture moderne et contemporaine, le taureau a toujours été un animal vedette de l'art européen.

Autre résumé:

Domestiqué sept ou huit millénaires avant notre ère, le taureau est resté le plus sauvage des animaux domestiques. Il se dégage de lui une impression de puissance, de vitalité et de fécondité, qui en a fait un dieu pour de nombreux peuples de l'Antiquité. Le christianisme à ses débuts est parti en guerre contre les cultes qui lui étaient rendus et lui a substitué le bœuf, animal pacifique, paisible et travailleur. D'où une certaine éclipse du taureau dans la culture européenne pendant plusieurs siècles : il se limite alors à la vie des campagnes et à la fécondation des vaches. Toutefois, à partir du XVIe siècle, puis surtout du XIXe, la réapparition des jeux et spectacles tauromachiques le remettent sur le devant de la scène et suscitent des polémiques qui se sont accentuées au cours des dernières décennies.

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