La piste fauve
Joseph Kessel possède le calme, l'humour et le lyrisme, trois vertus que l'on trouve de plus en plus rarement liées. Il suffit de lire quatre lignes de lui pour sentir qu'il détient les secrets qui permettent de vivre et de regarder les êtres au plus haut degré de chaleur possible.
L'historiographe de Mermoz, le romancier du Lion et des Cavaliers, le journaliste et le poète de l'aventure devait bien, un jour, s'enfoncer dans les lieux les plus sombres et les plus violents de l'Afrique.
Le voici chez les Mau-Mau, au sein d'une révolte politique et religieuse où s'affrontent la conception magique et la conception pratique du monde. Le voici parmi les derniers seigneurs de la terre, qu'il s'agisse des grands fauves, des grands sorciers, des grands colons ou des grands chasseurs. Joseph Kessel refuse nos distinctions conventionnelles. Ce qui compte pour lui, c'est l'intensité de la vie qui passe à travers les créatures vivantes : bêtes, hommes blancs ou noirs. Au-delà d'un document et d'un reportage, on trouvera donc dans ce livre une vision poétique d'un monde où la poésie gît encore à l'état brut.