La musica provata
Le disque mettait plus d'une seconde à tourner, et du pavillon du gramophone sortait la mélodie, le chant. Je restais regarder la petite pointe de l'aiguille, capable de lire le sillon et même la poussière.
Il y fallait de l'électricité et aussi des fenêtres fermées pour tenir en respect le boucan extérieur. A l'intérieur de la pièce naissaient l'espace et le silence, pour la faire résonner.
Les chansons, comme les odeurs, affûtent les souvenirs.
Des sillons des disques nait l'écoute qui nous absorbe, qui ne permet rien d'autre. En sa présence, je n'ai jamais réussi à rien faire. Je ne l'ai jamais transformée en fond sonore, la musique éprouvée.
Feltrinelli