La ligne bleue
Longue de 4 219 500 centimètres, peinte sur les chaussées de New York, elle représente le chemin le plus court pour traverser les cinq districts de la ville avant de franchir, à Central Park, l'arrivée du marathon. 25 000 coureurs perdent leur souffle à la suivre, enjambant Brooklyn, pénétrant dans le Bronx, fuyant dans Harlem, acclamés par quatre millions de spectateurs, s'écrasant contre le mur des vingt miles, décollant dans une dangereuse extase pour finir à Manhattan, comme dans un livre, en temps réel. Moins de quatre heures, c'est le but que s'est fixé Max. si vite qu'il coure cependant, la géographie le rattrape : les inégalités urbaines visitées au pas de course ; la fuite, à travers le Jura, de cet antinucléaire dont la tête fut mise à prix ; l'exil de courbet, au lendemain de l'écrasement de la Commune ; tous les marathons courus de l'Antiquité à nos jours. Et puis la voix de l' « Allemande » dans le casque : si vite que coure l'histoire, n'est-elle pas déjà rattrapée par l'avenir ?