La frondeuse
Comment être libre et indépendante à une époque où le carcan des traditions enrégimentait toute vie en société ? Tel fut le défi de Marguerite Durand (1864-1936), figure de proue du féminisme qui jamais ne renonça à la féminité et dont la biographie est aussi l'histoire de la Troisième République. Jeune actrice adulée à la Comédie-Française puis journaliste, égérie du boulangisme puis ardente dreyfusarde, elle devint la première patronne de presse de France en fondant en décembre 1897 La Fronde, journal entièrement écrit et fabriqué par des femmes. Souvent villipendé par ses confrères à moustache, il n'en joua pas moins un rôle majeur dans les grandes campagnes qui firent changer les lois en faveur de la cause féminine.
En digne briseuse de tabous, Marguerite Durand fut aussi une grande amoureuse. Courtisée par Georges Clémenceau, Aristide Briand et Guillaume II, elle ne négligea pas de séduire également le gratin de la finance. Car elle était très dépensière pour elle-même comme pour les oeuvres qu'elle défendait, et dont la plus originale fut le tout premier cimetière animalier, ouvert à Asnières en 1899. Dans un autre genre, elle créa la bibliothèque féministe qui porte son nom, située aujourd'hui dans le XIIIe arrondissement de Paris. C'est là que sont conservés ses carnets intimes, lesquels n'avaient jamais été étudiés. Ils constituent le fil conducteur de cette première grande biographie consacrée à l'une des femmes les plus remarquables, remarquées et romanesques de son temps