La Détresse et l'Enchantement (suivi de Le temps qui m'a manqué)
En consacrant les dernières années de sa vie à l’écriture de cette autobiographie dont la publication, elle y tenait, n’aurait lieu qu’après sa mort, Gabrielle Roy cherchait à la fois à dresser le bilan de sa propre existence et à conférer à celle-ci, pour toujours, le caractère admirable et énigmatique d’une œuvre littéraire. À transformer, en somme, sa vie en roman. Paru pour la première fois en 1984, La Détresse et l’Enchantement relate ses années de formation, depuis son enfance manitobaine jusqu’à son retour d’Europe à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, c’est-à-dire l’histoire de sa venue progressive à l’écriture, entremêlant le récit de ses expériences à l’évocation de sa famille (et en particulier de sa mère), du milieu où elle a grandi et pris peu à peu conscience d’elle-même, puis de la France et de l’Angleterre des années 1930, où son destin a connu un tournant décisif.
Ayant achevé et corrigé les deux grandes parties dont se compose La Détresse et l’Enchantement, la romancière a eu le temps, avant que la maladie ne la confine définitivement au silence, d’écrire les premières pages de ce qui devait leur faire suite. Dans ces pages, publiées quinze ans après sa mort sous le titre Le temps qui m’a manqué, la narratrice conduit le récit de sa vie jusqu’au moment où, bouleversée par la mort de sa mère, elle plonge dans la rédaction de Bonheur d’occasion. Ainsi la boucle est bouclée : le dernier livre de Gabrielle Roy, toute son œuvre en quelque sorte, se clôt par l’évocation de sa naissance comme romancière.
La présente édition contient le texte définitif, revu et corrigé, de La Détresse et l’Enchantement et du Temps qui m’a manqué, suivi d’une chronologie et d’une brève notice.