Fragiles Lumières de la terre
En marge de ses romans et nouvelles, qui constituent la partie centrale de son œuvre, Gabrielle Roy n’a cessé au cours de sa carrière de rédiger pour des périodiques ou pour des ouvrages collectifs divers textes relevant plus ou moins du genre de l’«essai», qu’il s’agisse de reportages, de réflexions, de souvenirs. Parmi cette production abondante mais plutôt éphémère à ses yeux, elle a choisi elle-même les quinze textes formant la matière de ces Fragiles Lumières de la terre, à la fois parce qu’elle jugeait que leur originalité et leurs qualités intrinsèques justifiaient leur publication sous forme de volume et parce que ces écrits lui semblaient exprimer autrement, d’une manière plus directe ou plus explicite, cette vision à la fois lucide et espérante de la condition humaine qui nourrissait son imagination de romancière. Le livre s’ouvre par une série de reportages sur des communautés ethniques de l’Ouest canadien, publiés pour la première fois dans le Bulletin des agriculteurs (Montréal) en 1942-1943. Viennent ensuite : deux textes sur le Manitoba natal de Gabrielle Roy; un retour imaginaire de la romancière de Bonheur d’occasion dans le quartier Saint-Henri, où elle essaie de deviner ce que sont devenus ses personnages une fois la guerre terminée ; une évocation ironique des circonstances dans lesquelles elle a reçu le Prix Femina ; un récit de la genèse de La Petite Poule d’Eau; et une longue méditation sur le thème «Terre des hommes» écrite à l’occasion de l’Exposition universelle de Montréal (1967). Autant d’éclairages jetés sur la pensée de Gabrielle Roy, autant d’aperçus sur certaines sources de son œuvre, autant de témoignages de la fragilité et pourtant de la force inébranlable qui, pour elle, étaient la vérité profonde de l’homme.
Ce livre a paru pour la première fois en 1978 et a été traduit en anglais quatre ans plus tard. La présente édition contient le texte définitif, revu et corrigé, de Fragiles Lumières de la terre, suivi d’une chronologie et d’une brève notice.