La Delector
Non, non, non, elle n'est pas si sexy. Pas sexy du tout. Ah bon ? Si elle a de la beauté, et elle en a, plus que de la beauté, autre chose que de la beauté, personne ne sait e¬tement ce que c'est, la beauté, la sienne est généralement ramenée au cliché de la beauté slave, sensuelle et froide. Pour l'instant, elle la gomme. Elle s'oblige, sans y penser, à la gommer ou à ne garder que la froideur. Ou elle y est obligée, question de survie. Comme étrangère, Russe en France, elle n'a pas le droit de travailler, elle vient tout juste de se faire embaucher à Nice par le couple Matisse, petit contrat de rien, sans se faire trop remarquer.
La Delector met en scène Lydia Delectorskaya, collaboratrice et proche du peintre Henri Matisse. Il a soixante-deux ans, elle en a vingt-deux. Il est tout, elle n'est rien. Il a provoqué le scandale à son insu, elle ne l'a pas cherché. Une histoire qui va durer vingt-deux ans, jusqu'à la mort du peintre, et dont on ne saurait qualifier la teneur, tout juste en esquisser l'intimité.