L'idiot T2 - L'idiot
La femme de Dostoïevski, avec son visage mystérieux dont la beauté avenante se change brusquement comme si elle avait joué la comédie de la bonté en une insolence terrible, n'est-ce pas toujours la même ? Grouchenka, Nastasia, figures aussi originales, aussi mystérieuses, non pas seulement que les courtisanes de Carpaccio mais que la Bethsabée de rembrandt. Il n'y a pas seulement création d'être mais de demeures chez Dostoiëvski, et l a maison de l'assassinat dans "Crimes et Châtiments" avec son dvornik, n'est pas aussi merveilleuse que le chef d'oeuvre cette sombre et si longue et si haute et si vaste maison de Rogojine où il tue Nastasia Fillipovna. Cette beauté nouvelle et terrible d'une maison, cette beauté nouvelle et mixte d'une image de femme, voilà ce que Dostoïevski a apporté d'unique au monde.
Marcel Proust