L'exploration de la Sibérie
On vivait là, couchés sur des planches, emmitouflés de peaux de rennes, la tête appuyée sur des oreillers de plume, à plusieurs sans doute dans un espace de moins de cinq mètres carrés, près d'un poêle de pierre qui chauffait sans excès. On se cloîtrait dans des murs faits de troncs d'arbres glanés sur le rivage, charriés par des rivières d'une origine plus boisée que la toundra (...). Par terre, un matelas naturel de détritus et reliefs alimentaires abondamment composé d'os de renards blancs aux boîtes crâniennes brisées, signe qu'on en mangeait la cervelle. " (Extrait) Entre les premiers aventuriers cosaques franchissant l'Oural et l'ouvrier stalinien qui parcourt à vélo le Taymir, ce véritable continent qu'est la Sibérie vit progresser nombre d'explorateurs. Etrangers aux services des tsars, décembristes d'Irkoutsk curieux du lieu de leur exil, cartographes infatigables accompagnés de guides indigènes dévoués, ils réduisirent les taïgas inquiétantes, les toundras désolées, les montagnes inconnues, à une carte dont le lac Baïkal est le fleuron, à un pays que ne limitent plus que l'Amour et les océans Arctique et Pacifique. Au fil d'anecdotes, de portraits, Yves Gauthier et Antoine Garcia nous content avec rigueur, cartes à l'appui, illustrée de documents parfois inédits, l'exploration d'une région du monde jusqu'à peu encore si méconnue qu'il n'existait aucun ouvrage de fonds similaire.