L'appel de la tribu
Dans Le poisson dans l'eau (Gallimard, 1995), la première partie de son autobiographie, Mario Vargas Llosa partageait avec ses lecteurs deux périodes décisives de son existence : d'une part, les années de son enfance, de son adolescence et de sa jeunesse, entre la maison d'Arequipa où il est né en 1936 et son premier voyage en Europe, en 1958 ; d'autre part, les trois années qu'il a consacrées à parcourir le Pérou, entre 1987 et 1990, en tant que candidat présidentiel. Avec L'appel de la tribu, il reprend d'une certaine manière ce récit et nous livre une autre partie de son autobiographie. Mais à la différence de la précédente, qui proposait un récit essentiellement factuel, il offre un autoportrait intellectuel dont le but est de nous aider à mieux comprendre ses positions politiques actuelles.
Ainsi, Vargas Llosa nous invite à découvrir les sept auteurs qui l'ont marqué, depuis le marxisme le plus orthodoxe vers le libéralisme, et dont il commente et analyse les œuvres. Il s'agit d'Adam Smith, de José Ortega y Gasset, de Friedrich August von Hayek, de Sir Karl Popper, de Raymond Aron, de Sir Isaiah Berlin et de Jean-François Revel. Comme on pouvait s'y attendre d'une figure de l'envergure de Mario Vargas Llosa, l'approche est passionnée et brillante, et nous révèle de nouveaux aspects de la pensée de ces philosophes, ainsi que la trajectoire vitale et intellectuelle du grand romancier péruvien.