Journal irlandais
Cette Irlande existe, mais celui qui, s'y rendant, ne la trouverait pas, n'aurait bien entendu aucun droit de recours contre l'auteur.
H.Böll
Irlandais certes. Qui ne reconnaîtrait dans ces pages les douceurs amères, les prières mêlées de jurons, l'étrange et quotidienne dissonnance de révolte et de résignation qui font l'Irlande ? Et ce que nous appelons la poésie, là-bas plus courante que l'eau, plus abondante que le pain, plus vivante parfois que l'homme. Donc, la souffrance sans doute. Oui l'Irlande.
Mais vue par l'écrivain Böll, cet Allemand qui lui-même cultive courageusement son désaccord intime avec l'Allemagne. Émerveillé, souriant, ému, à mille lieues des miracles économiques, plongé dans la générosité folle d'un monde que la modernité blesse mais n'infecte pas, d'un monde révolu ou peut-être déjà futur. C'est ici pour Böll le journal d'un double exil, l'un voulu, temporaire, simple dépaysement saisonnier, l'autre subi, permanent, celui d'un voyageur qui jamais ne retrouve sa patrie.