Jeanne, en douce
C’est à travers le regard et la vie de la jeune servante, point de lumière du tableau de Martin Drölling, Intérieur de cuisine, que conserve le musée Benoît de Puydt à Bailleul, que Françoise Lison-Leroy, lauréate de plusieurs prix prestigieux de poésie, esquisse la vie romanesque d’une cellule familiale du début du XIXe siècle. À l’image de cette peinture aux couleurs et aux lignes savamment ordonnées, où points de vue des personnages-spectateurs et objets quotidiens entraînent celui qui la regarde par-delà l’instantané d’un intérieur bourgeois, Françoise Lison-leroy saisit la promesse d’un siècle romantique et prête à cette histoire des accents balzaciens où se mêlent chronique sociale, réalisme et sentiments.
MARTIN DRÖLLING est né en 1752 à Oberhergheim, dans le Haut-Rhin. Décrit comme peintre de genre français, il nous a laissé une peinture intimiste de la classe moyenne et de son environnement familier, et ses scènes d’intérieur permettent d’entrevoir le talent de ce peintre par ailleurs peu connu. Il lutta longtemps contre la misère et reçut les conseils de Mme Lebrun et de Greuze. Balzac le cite à deux reprises dans La Comédie humaine, sans doute séduit par une peinture dont la minutie du détail rappelle les descriptions détaillées de l’écrivain. Il meurt à Paris en 1817. La fille de Martin Drölling, Louise-Adéone Drölling (1797 -1834), aussi connue sous le nom de Madame Joubert, fut l'une des rares peintres femmes de son époque.