Je suis victime
Un crash, une bombe, un incendie, une fusillade, un séisme : les professionnels sont sur place… mais ce ne sont pas les seuls : politiques, médias et bénévoles en tout genre transformés en psychologues du jour envahissent le lieu. Les dispositifs d'urgence se transforment en une grande mascarade exploitée par tous les médias.
La logique du soin ? Ensevelie sous une logique comptable, financière… Le blessé psychique devient alors Victime : plus d'autre identité sinon celle-là. Et l'heure est grave, car dans les coulisses du trauma, se joue en filigrane un autre drame, plus durable, difficilement cicatrisable, celui de la victimisation. Au nom de la reconnaissance et de l'accompagnement, des thérapies express, abandonnant le
blessé sous le feu des projecteurs et des micros, au détriment de leurs véritables besoins. Enfants marqués, professionnels limités, disposant de peu de moyens et empêchés de travailler, cellules médico-psychologiques se multipliant à tout va, maintien en haleine des téléspectateurs : car oui, le drame est devenu spectacle, la victime, le nouveau héros contemporain, le drame, une prescription de deuil national. « La victimisation m'a tué » ou l'impensable exploitation du trauma entre dénonciation, mise au point et appel à la conscience générale, tant pour le blessé que pour notre société.