Ilam perdu
Au moins pouvais-je respirer dans ce square, car quelque chose d'étrange survenait en moi quand j'inspirais et que je soufflais, une émotion différente, aiguë et perçante comme l'éclair, et je pouvais observer la vie des autres sans un écran de fumée. Quand un garçon embrassait une jeune fille à quelques pas de moi, je me disais confusément qu'un homme avait dû m'aimer moi aussi, que j'avais peut-être connu ces gestes d'amour. Mais s'il m'avait embrassée avec pareille ardeur, n'aurais-je pas gardé le souvenir du goût de sa bouche, du frémissement des sens ? Des phrases mélancoliques me reviendraient à l'esprit. Quand il m'arrivait, parfois, de songer à l'amour, mon estomac se nouait.