Il était sept fois la révolution
Il était sept fois la révolution
Essais des sciences humaines (2005)
237 pages
Certaines révolutions sont lentes et ne font pas couler de sang. Entre 1925 et 1935, la physique a connu une telle révolution, un bouleversement pacifique qui a concerné le seul monde des idées : les physiciens comprirent alors que les atomes, ces petits grains de matière découverts quelques années plus tôt, n'obéissaient pas aux lois de la physique classique. Il fallait en inventer de nouvelles, il
fallait penser autrement la matière. Une décennie d'effervescence créatrice, d'audace, de tourments, une décennie miraculeuse, suffit à un petit nombre d'entre eux, tous jeunes, pour fonder l'une des plus belles constructions intellectuelles de tous les temps : la physique quantique, celle de l'infiniment petit, sur laquelle s'appuie toujours la physique actuelle. Originaux, déterminés, attachants, pathétiques parfois, ces hommes ont en commun d'avoir été, chacun à sa façon, des génies. Dispersés aux quatre coins de l'Europe, à Cambridge, Copenhague, Göttingen, Vienne, Zurich ou Rome, ils se connaissaient bien, se rencontraient régulièrement, s'écrivaient souvent. Leurs travaux se faisaient écho, suscitant l'admiration des uns, la critique des autres, jusqu'à ce qu'ils constituent un édifice formel cohérent. Ces hommes avaient aussi lu les grands philosophes, allant jusqu'à puiser dans leurs œuvres une part de leur inspiration. Pris
par une sorte de fièvre collective, ils pensèrent et travaillèrent avec acharnement, mais sans moyens, car c'est à la main ou à la règle qu'ils faisaient leurs calculs, par lettres ou cartes postales qu'ils
correspondaient, en train qu'ils parcouraient l'Europe, en bateau qu'ils traversaient l'océan. C'est à quelques-uns de ces hommes remarquables que ce livre souhaite rendre hommage : George Gamow, Albert Einstein, Paul Dirac, Ettore Majorana, Wolfgang Pauli, Paul Ehrenfest et Erwin Schrödinger.