Horsita
L'Allemagne est habitée par une culpabilité collective qui n'existe pas en France où la majorité s'est fabriqué une bonne conscience sur la minorité des résistants." Il existe de fait un courant littéraire allemand où les fils s'interrogent sur ce que faisaient les pères pendant la guerre. C'est ce "certain regard" sur soi-même dont la littérature française a cru bon devoir faire l'économie que ravive Horsita. Hortense cherche à savoir la vérité sur son père qui avait vingt ans en 1940, aimait par-dessus tout l'ordre, les soldats de plomb bien alignés et possédait un couteau dans sa gaine de cuir noir. Enquête d'une fille sur son père, réflexion sur l'Histoire mais surtout sur la culpabilité collective, "parce que nous portons les traces des crimes qui ont été commis, nous portons tous inconsciemment cette mémoire, parce que nous faisons tous partie de l'espèce humaine, celle qui n'a pas su empêcher Auschwitz", le troisième roman de Lorette Nobécourt, écrit dans une langue violente et superbe, est à la fois un cri de révolte contre la bonne conscience somnolente et un cri d'amour, celui de l'amour impossible d'une fille pour son père. --Gérard Meudal