Gros oeuvre
Je repère un terrain, par exemple un soir d'été en promenade digestive dans la campagne normande, qui n'est pas encore la Normandie, je n'ai pas besoin de franchir de barrière ou de me glisser entre deux fils barbelés pour accéder à ce terrain, puisque à l'époque pas de propriété qui tienne, pas un seul bout de terre entravé ou interdit d'accès. Je fais juste quelques pas pour me retrouver sur ledit terrain, qui n'est pas encore un terrain puisque pas encore délimité comme tel, pour me retrouver donc plutôt sur un lopin de terre avec de l'herbe dessus, que je décide de clôturer en comptant mes pas sur quatre côtés, et je dis : ceci est à moi. Clôturer un terrain, creuser un fossé, planter des pieux et en voiture Simone. Bon, admettons que clôturer ne suffise pas, qu'il faille ensuite ériger sur l'espace délimité par la clôture, alors ceci est à moi puisque je l'ai construit. Quoi? La maison. Je l'ai construite la maison. " Gros oeuvre raconte 13 habitations en crise, précaires, ingénieuses, mobiles ou bricolées : autant de manières d'investir un lieu, de construire sa maison. 13 histoires qui posent la même question : que signifie habiter?