Être crâne

Georges Didi Huberman

Être crâne
91 pages
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Popularité du livre : faible
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Cet ouvrage est le troisième d’une série d’essais sur la question du lieu dans l’art contemporain. Une hypothèse guide cette série : l’artiste est inventeur de lieux, c’est-à-dire façonne, donne chair à des espaces improbables, impossibles ou impensables. Des apories, des fables topiques.

Le genre de lieux qu’invente Giuseppe Penone passe d’abord par un travail avec le contact : une dynamique de l’empreinte, par laquelle l’espace se trouve à la fois reporté et renversé, c’est-à-dire tacitement connu et mis sens dessus dessous.

Dans un tel processus, c’est le matériau lui-même qui porte mémoire. Mais qu’est-ce qu’une sculpture qui aurait pour charge de toucher la pensée ? Penone est parti de la “ cécité tactile ” qui nous empêche de percevoir le contact de notre cerveau avec la face interne de notre crâne. L’œuvre consiste à faire traces – frottages, reports, développements – de cette insensible zone de contact. Le résultat est une sorte de fossile du cerveau : lieu de pensée, c’est-à-dire lieu pour se perdre et pour réfuter l’espace. Une sculpture de ce qui nous habite et nous incorpore en même temps.

* Giuseppe Penone est l’un des représentants majeurs de l’Arte Povera italien. Depuis le milieu des années soixante, il développe une œuvre de sculpteur fondée sur une très grande variété de processus généralement liés à l’empreinte. Ses matériaux sont le corps humain (relevés géants de paupières ou de l’intérieur d’un crâne), les corps végétaux (arbres vivants, feuilles mortes) et minéraux (sable, lits de rivières), mais aussi le souffle, la fumée ou l’énergie d’un cours d’eau.

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