Errances dans la nuit
Errances dans la nuit est le roman unique de Shiga Naoya (1885-1971), contemporain de Tanizaki Jun.ichiro désormais bien connu en Occident. L'œuvre de Shiga Naoya, elle, très resserrée et, en un sens, plus discrète et confidentielle, illustre à la perfection la conception individualiste du récit dit «récit du Je» (Shi.shôsetsu), prônée en particulier par le groupe Shirakaba (Le Bouleau) en réaction contre les excès d'un certain «naturalisme». Soutenues par un style d'une inimitable pureté, à la fois simple et concis, des nouvelles fort nombreuses assuraient déjà à l'auteur une place prépondérante dans l'histoire littéraire du Japon ; mais lui-même considérait comme son œuvre dominante ce roman unique, d'élaboration lente et publié en deux fois - en 1921 et 1937. Malgré l'affleurement inévitable, ici et là, d'événements personnels vécus, Errances dans la nuit n'est aucunement un roman autobiographique, et l'auteur insistait beaucoup là-dessus. S'y déroulent au ralenti, image après image, comme sur une peinture en rouleau, le drame douloureux et les soubresauts d'un jeune romancier dont la vie d'homme et d'artiste se trouve déchirée par deux crises successives d'où il émerge difficilement et cruellement éprouvé. «L'une des grandes œuvres du demi-siècle», selon René Sieffert.