Enfin le royaume
Nous avons bu tant de rosées En échange de notre sang Que la terre cent fois brûlée Nous sait bon gré d'être vivants. François Cheng écrivit ce quatrain vers 1958-1960, alors qu'il en était encore à apprendre la langue française. Tout au long de sa pratique poétique inventive, Cheng a investi de nombreux genres littéraires ; il revient aujourd'hui au quatrain. Celui-ci lui permet de réunir tradition chinoise et tradition française.
En l'adoptant, l'académicien confirme son appartenance à ce double fond - quant à la forme, concise et dense à la fois, et quant à un contenu duel, tant en matière de poétique (ch?n et orphisme) que de spiritualité (conception taoïste de l'univers, « Voie christique »). L'édition de Madeleine Bertaud n'est pas strictement une édition critique : elle balaie largement l'ouvre chengienne, dont l'auteur perçoit fortement l'unité avec empathie et maîtrise. Madeleine Bertaud est professeur émérite de l'Université de Lorraine.
Après une carrière consacrée à la littérature française du XVIIe siècle, elle étudie depuis une quinzaine d'années l'ouvre de François Cheng.