Ego : Pour une sociologie de l'individu
Quelle sociologie est-elle au fondement des enquêtes concrètes de l'auteur, qui ont fait son succès et sa réputation dans le grand public, mais qui suscitent aussi chez ses pairs le soupçon de "sociologie agréable" ? Son approche est centrée sur une nouvelle évaluation de la notion d'individu. Celui-ci n'est ni la simple résultante des déterminismes sociaux qui s'exercent sur lui, ni l'atome qui préexiste aux interactions sociales complexes. Pour Jean-Claude Kaufmann, il convient de cesser de regarder l'individu comme une unité substantielle, pour en faire le siège et le produit de processus et de flux. L'individu ne cesse d'intérioriser ou d'extérioriser des affects, des pensées et des comportements, les sédimentant par l'habitude. Celle-ci, à la différence de l'habitus de Bourdieu qui fige la contrainte sociale, est au contraire le lieu de remaniements constants. L'individualisation est ainsi le résultat paradoxal de cette interaction, à la fois clé du changement social et raison d'être de l'individu ainsi produit.